vendredi, mai 26, 2006

A l'ombre du figuier

Le figuier est un arbre qui me poursuit. Dans le jardin de mon enfance, déployant ses branches au-dessus de la cour où nous déjeunions et y amenant une ombre délicate et utile, il nous donnait aussi les meilleures figues du monde. Lorsque je connus Chios et son histoire dont la mienne faisait un peu partie, je découvrais un auteur Pierre Vlasto et son admirable livre : "A l'ombre du figuier" dont je me régalais. Le figuier me poursuivait. Lorsque nous décidâmes de nous installer dans le Midi, je me disais in petto, "il y aura un figuier dans la cour de la maison...". Non il n'y en eut pas. Je découvrais un magnifique tilleul dont les frondaisons recouvraient presque la totalité de notre cour. Je fis contre mauvaise fortune bon cœur, découvrant à ce tilleul des qualités jusqu'alors ignorées. Son feuillage était splendide, son port altier, et au printemps ses millions de fleurs embaumées attiraient des millions d'abeilles bourdonnantes qui se régalaient. Et puis un jour - son heure était-elle arrivée ? - il périclita, il perdit ses feuilles devenues malingres et petites et l'année suivante resta tout seul au milieu de la cour avec ses branches dénudées. J'en eus un énorme chagrin et de surcroît il fallait trouver, pour nous protéger du soleil, une solution efficace et belle. L'homme de l'art vint un jour le couper : je ne voulais pas regarder. Nous le remplaçames par une jolie voile blanche ; cétait joli, mais cela ne le remplaçait pas. Nous avions laissé un morceau du tronc. Et c'est ici que tout recommença. Au pied de ce tronc coupé, poussait un tout petit figuier. Dans un premier temps je n'y pris garde. Il était petit,, malingre et je pensais à tort qu'il ne profiterait pas de sa position. Le temps passa. Le temps passe toujours. Deux ans passèrent et aujourd'hui, sous le soleil de fin de printemps et de début d'été je me suis promenée avec le capte-image à la main. On voit différemment au travers d'un viseur. En tournant, retournant je me suis rendue compte de l'importance que Monsieur le Petit Figuier prenait au milieu de la cour. Il avait poussé poussé, son port était altier, il portait des figues, et donnait déjà une ombre certaine. Et de me dire une fois de plus "Mektoub", c'était écrit : il y aurait un figuier dans la cour.

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