jeudi, septembre 02, 2010

Tour de France

Le Tour est fini... il y eut un gagnant, le premier arrivé. Et avec lui tous ceux qui les années passées ont tenu le haut du podium . Je pense à Laurent Fignon, ce grand sportif, cette personalité si jeune, si sympathique, deux fois vainqueur et qui vient de mourir à cinquante ans, c'est à dire à la fleur de l'âge. Je partage avec tous ceux qui étaient proches de lui, sa famille, ses amis, ses supporters enfin tous sans en oublier un seul, je partage la peine et le chagrin qui sont les mots que nous prononçons dans de telles circonstances, du fond du cœur.

Alors me vient à l'idée, de lui offrir, avec un sourire, ce petit texte que j'avais écrit il y a quelques années et que mon arrêt récent à la station de l'autoroute, "Les Pyrénées" sur le trajet Toulouse Bayonne m'a remis en mémoire.

"Ange, tout de jaune vêtu, se tenait en équilibre sur son vélo, conçu spécialement pour lui par le plus grand des fabricant de cycles de course. Sa machine calée invisiblement, les pieds dans les étriers, il tenait ses bras levés au-dessus de sa tête en un "V" trop connu pour être ignoré.
Ses petites lunettes lui taraudait le visage et son casque qui, comme tous ses congénères le faisait ressembler immanquablement à un hanneton, entretenait sur ses cheveux, rares, mais blonds une douce chaleur et une humidité dont il pensait à raison qu'elle serait fatale à l'ordonnancement de sa coiffure dès qu'il l'enlèverait.
Il avait passé, en croix, autour de son torse – sorte de mémoire aux anciens - , deux chambres à air, courroies noires qui se détachaient avec précision sur le maillot canari du vainqueur.

La vacuité de ces longues minutes passées devant le créateur de la future image, lui laissait loisir de penser et de repenser encore. Il faisait lentement mais scrupuleusement la synthèse du dernier tour, et, devant tant d'efforts accumulés, ses bras qui fourmillaient, se rabattaient brusquement le long de la poitrine. Rappelé à l'ordre, il reprenait la pose et de nouveau laissait son esprit vagabonder. Se posant à lui même de nombreuses questions au sujet de tout et de rien, questions qui restaient d'ailleurs souvent sans réponses, il se demandait si l'objectif serait atteint et dans combien de temps.

L'admirable œuvre d'art à laquelle il contribuait en champion, mais avec beaucoup d'autres coureurs, devait orner un site choisi en bordure d'une autoroute et devant la chaîne des Pyrénées toute proche. Telle une video nature, il faisait défiler les kilomètres et les cols redoutables, témoins de crampes douloureuses qu'il ressentait encore sur le podium en teck de Birmanie, à l'arrivée de l'étape et ce malgré les fleurs et le sourire de la demoiselle locale qui l'embrassait après qu'il eût enfilé le maillot jaune.

Un accident l'avait empêché d'assister à l'inauguration du monument et loin du lieu il avait lu les journaux locaux, avec détachement mais conscient de sa victoire. Quelques temps après, allant sur la côte atlantique du côté de Biarritz pour une compétition de golf – oui il avait changé son fusil d'épaule ou si vous préférez, son pédalier contre un club – il s'arrêta à la station "Les Pyrénées" et put, entre le plein et un café, admirer enfin cette œuvre d'art qui voulait montrer à tous les passants, les géants du Tour de France.

Il comprit alors à cet instant précis, que c'était sa dernière course qui défilait là, devant ses yeux embués, avec les ondulations du parcours, ses co-équipiers, et lui-même, devant, caché légèrement par les arbres aux feuilles naissantes, tout en jaune et tournant résolument le dos aux Pyrénées enneigées dont il n'aurait plus jamais à souffrir en silence les cols diaboliques."


1 commentaire:

  1. Je trouve la sculpture belle. J'ai regardé longtemps la structure et il me semble qu'elle est telle que les deux groupes de coureurs ne sont pas sur la meme face de la lame torsadée?

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